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En Mayenne, 40 vaches fauchées par le botulisme

Une vache morte couchée en grenouille (au deuxième plan à gauche) est un signe caractéristique de cette maladie paralytique due à une toxine.

Le botulisme est provoqué par une toxine qui se réactive en présence d’un cadavre. Peu de maladies engendrent une telle mortalité.

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Avez-vous déjà entendu parler de botulisme ? C’est assez rare mais, assurément, lorsque cela arrive dans un troupeau, c’est tellement impressionnant que ça sensibilise durablement les élevages de la zone.

Dans notre cas, nous avons reçu l’appel en fin d’après-midi d’un éleveur parce que l’une de ses vaches est morte la veille après être restée couchée pendant douze heures. Ce jour-là, trois autres vaches sont couchées. Elles n’ont pas de fièvre, les dosages sanguins de calcium, magnésium et phosphore sont normaux. Les corps cétoniques également. Ces vaches sont couchées en grenouille pour certaines d’entre elles (comme la vache noire en haut à gauche de la photo, c’est très caractéristique), elles bavent légèrement et sont faibles musculairement. À ce stade, l’hypothèse de botulisme est déjà envisagée. Le lendemain, il y a six vaches mortes. En concertation avec la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) et l’Anses, nous faisons des prélèvements sur les cadavres que l’on envoie pour recherche de toxine botulinique. Le contenu ruminal et la bouse reviendront quelques jours plus tard positifs aux toxines C et D.

Seules les taries qui ne mangent pas d’herbe sont épargnées

Pendant ce temps, les vaches continuent de tomber. Cela va durer une dizaine de jours, soit le temps d’incubation de la maladie. Au début, elles meurent en douze heures, puis, petit à petit, elles mettent de plus en plus de temps. Le traitement est illusoire, les euthanasies s’enchaînent. Il y aura plus de 40 mortes. Confronté à ses propres problèmes, le service d’équarrissage n’est plus en mesure de collecter les cadavres. La situation n’est pas tolérable, surtout à une période chaude. Une solution sera cependant trouvée pour cet élevage. Les génisses sont aussi touchées, seules les prépas vêlages sont épargnées. Leur caractéristique ? Contrairement aux autres, elles ne mangent pas d’herbe. Les prélèvements d’ensilage sont pourtant tous revenus négatifs, mais il suffit qu’une toute petite partie du silo soit contaminée. Les voisins mettent en place une belle entraide en apportant leur nourriture pour les survivantes.

Quelle aura été l’origine de ce cas ? On ne peut que faire des suppositions : un cadavre dans l’ensilage d’herbe, ou probablement un écoulement de lisier de volaille. L’élevage a effectivement des poulaillers. Le fumier n’est normalement pas épandu sur les pâtures ou les zones de fauche, mais il peut y avoir eu des écoulements de lisier contaminé par des cadavres. La laiterie a été prévenue et ne collecte plus le lait : la crainte est une souillure du lait par de la matière fécale. Normalement, les humains sont peu sensibles aux toxines C et D, mais, étant donné la violence des symptômes, la règle est à la prudence.

Un diagnostic facile à faire

La dose létale de toxine est infinitésimale, car il s’agit d’une des toxines les plus violentes qui existe : on dit qu’un gramme de toxine suffit à tuer 400 000 bovins adultes ! La toxine est produite par la bactérie Clostridium botulinum, qui reste longtemps dans le sol sous forme de spores se réactivant en présence de cadavres. C’est elle qui provoque une paralysie flasque par atteinte du système nerveux. La mort est souvent due à une asphyxie par paralysie des muscles respiratoires. Et souvent, la difficulté de déglutir est présente. Dans notre cas, le diagnostic est facile à faire, car peu de maladies provoquent une telle mortalité. Mais le diagnostic de laboratoire n’est pas toujours aussi évident et l’autopsie est « blanche », c’est-à-dire sans signes visibles. Parfois les formes sont atténuées, moins d’animaux sont touchés (surtout en l’absence de mélangeuse) et on peut alors penser à un traumatisme, une hypocalcémie, une listériose, une méningite ou une intoxication.

Un vaccin sous ATU (autorisation temporaire d’utilisation) existe et peut être importé. C’est le choix qu’a fait l’éleveur pour la reconstruction de son troupeau. Ce cas nous aura en outre appris qu’il peut être utile de se renseigner auprès de son assurance si ce risque est couvert, car il y a parfois des clauses d’exclusion du botulisme. Un fonds spécial d’indemnisation existe également pour les éleveurs adhérents aux organismes sanitaires.

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